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29 Juillet 2021

Les SPAC : bulle spéculative ou vraie opportunité ?

Vous avez peut-être croisé cet acronyme dans la presse financière. Les SPAC (Special Purpose Acquisition Companies) sont des sociétés mises en place pour lever des capitaux en vue d’acquérir des entreprises et les introduire en Bourse. On les appelle aussi « coquilles vides » car au moment de son lancement, le SPAC est sans activité opérationnelle propre. Aux États-Unis, ces véhicules d’investissement ont collecté plus de 83 milliards de dollars en 2020. Comment fonctionnent-ils concrètement ? Quels sont les risques associés ? Pouvez-vous y investir ? Explications.     

Introduction en Bourse, private equity ou fusion-acquisition ?

Un peu des trois ! Le but du SPAC est d’acquérir des sociétés, en général non cotées, pour les introduire en Bourse : en ce sens, il est à mi-chemin entre l’IPO et le private equity. Une fois la société visée acquise, le SPAC fusionne avec elle et à ce titre, l’opération s’apparente à une fusion-acquisition.

Très en vogue outre-Atlantique, le marché des SPAC est encore balbutiant en Europe, même si de plus en plus d’entrepreneurs avertis commencent à s’y intéresser. Un exemple récent : le lancement en juillet 2021 d’I2PO, un nouveau SPAC sur le secteur du divertissement, par la famille Pinault et deux autres sponsors, Iris Knobloch et Matthieu Pigasse. Son objectif ? Lever 250 millions d’euros à la Bourse de Paris afin d’acquérir des cibles sur des marchés en très forte croissance comme la propriété intellectuelle, le gaming ou encore, les plateformes de streaming musical ou de podcast. Parmi les investisseurs potentiels : la société de portefeuille Artémis (propriété de la famille Pinault), qui prévoit d’injecter 15 millions d’euros dans le SPAC.

Tant que l’acquisition n’a pas eu lieu, les fonds levés sont bloqués dans un compte dédié. Si, après le délai de prescription de deux ans, aucune acquisition n’est effectuée, le SPAC est en principe dissous et l’argent rendu aux investisseurs.

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Acheter les yeux fermés

Quel que soit le secteur de prédilection du SPAC (luxe, consommation durable, tourisme spatial…), lors de l’introduction en Bourse, ce dernier ne peut pas présenter aux investisseurs un historique de chiffre d’affaires ou de bénéfices. Les investisseurs ne connaissent pas non plus la société qui fera l’objet de l’acquisition : ils achètent donc littéralement « les yeux fermés ».

Les SPAC sont d’ailleurs aussi surnommés sociétés « chèques en blanc » puisque les fonds sont mis à disposition de la cible avant même son identification.

Pour les entreprises, une introduction en Bourse plus rapide

Pourtant, les SPAC présentent des atouts pour les sociétés souhaitant lever des capitaux ou entrer en Bourse. Ils leur permettent d’accéder à des capitaux sans céder le contrôle de leur gestion à des sociétés de private equity ou sans devoir suivre la procédure classique d’introduction en Bourse. Ces sociétés bénéficient alors d’un coût d’introduction en Bourse plus faible et d’un processus plus rapide (trois à quatre mois environ contre 12 à 28 mois via le circuit traditionnel).

Pour les investisseurs, un accès simplifié au capital-risque

Du point de vue des investisseurs, les SPAC sont intéressants puisque les capitaux levés sont déposés sur un compte sous séquestre puis remboursés avec des intérêts si les sponsors ne réussissent pas à finaliser une acquisition dans un délai de 18 à 24 mois. Les capitaux des investisseurs sont ainsi relativement bien protégés jusqu’à l’opération.

Les investisseurs sont également protégés par des règles en vertu desquelles ils doivent approuver l’acquisition. S’ils la refusent, ils récupéreront leurs capitaux de départ augmentés d’intérêts. C’est pourquoi les fondateurs tendent à limiter le nombre d’investisseurs, pour faciliter un dialogue qui permet de s’assurer du soutien de ces derniers lors des propositions d’opérations de fusion. Généralement, les SPAC sont réservés aux gestionnaires de fonds spéculatifs expérimentés et aux investisseurs institutionnels.

Attention : des risques significatifs accompagnent l’investissement dans un SPAC.

  • L’urgence des timings : le délai de deux ans pour identifier les cibles peut parfois générer une précipitation et donc des arbitrages limitant les gains effectifs.
  • La qualité de l’équipe de gestion : le développement des SPAC s’accompagne d’une hétérogénéité des acteurs. Les expertises et les compétences peuvent varier, il est important de les choisir avec soin.
  • La valorisation : un SPAC peut émettre des prévisions sur cinq ans, aussi certains questionnent la fiabilité des prévisions.

Puis-je investir dans un SPAC ?

En France, l’investissement dans un SPAC est surtout réservé aux clients dits qualifiés. Ces SPAC sont cotés sur le compartiment professionnel d’Euronext uniquement, avec des tickets d’entrée élevés. Leur accès est donc en principe peu ouvert aux particuliers. À défaut de promotion active, l’accès aux parts du SPAC coté reste cependant en principe possible.

Le procédé est alors le même que pour investir dans une société cotée en Bourse : vous devez posséder un compte-titres et passer un ordre d’achat sur le SPAC en question, identifié par un ticker. Certains SPAC peuvent aussi être éligibles au PEA ou au PEA-PME.

Se faire accompagner

Les SPAC restent un investissement complexe. Outre le choix de l’équipe de gestion, il convient d’analyser avec soin la structure du SPAC, le montant de l’apport en capital des sponsors ainsi que son équipe dirigeante. Rapprochez-vous de votre banquier privé avant de vous lancer.

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