Chronique des marchés par Hugues de Montvallon

Depuis le début de l’année l’Euro STOXX 50 est en repli d’environ 5%.

Le comportement des bourses européennes est cependant loin d’être uniforme sur la période. On observe des différences marquées, non seulement dans le comportement des indices, mais aussi dans la manière dont leurs composantes sectorielles évoluent.

Schématiquement, on observe deux phases.

La première va du début de l’année jusqu’au 11 février. Cette phase est marquée par des interrogations sur la croissance mondiale, qu’accompagne une forte baisse des prix du pétrole. Le baril du WTI tombe à 26 dollars le 11 février. Dans le même temps, les valeurs financières accusent une forte baisse. Les investisseurs s’interrogent sur leurs capacités à dégager des bénéfices dans un environnement de taux nuls et de croissance faible. Des rumeurs de recapitalisation massive sur certaines grandes banques, voire de suspension de coupon sur certains titres hybrides secouent les marchés et font plonger les valeurs de la banque et de l’assurance. Tout le monde broie du noir. A la clôture du 11 février, l’Euro Stoxx 50 affiche une baisse de 18% et le CAC 40 de 16%.

L’espoir changea de camp et le combat changea d’âme…

A partir du 11 février, le pétrole entame un rebond qui le ramène au-dessus de 40$ le baril, suivi dans sa hausse de nombreuses matières premières industrielles (cuivre, minerai de fer…). Dans le même temps, les statistiques économiques publiées sur la période donnent l’image d’une économie mondiale, qui si elle n’est pas d’un dynamisme exceptionnel, n’est pas non plus au bord de la récession, comme certains le laissaient entendre auparavant.

Depuis le 11 février, les indices ont fortement rebondi.

Les plus fortes hausses sectorielles sont à mettre à l’actif, par ordre décroissant, des produits de base, des pétrolières, des financières et des industrielles. En gros, il faillait avoir de l’Arcelor Mittal (+150%), du Tullow Oil (+90%), ou de l’Eurobank Ergasias (une banque grecque, +152%, plus forte hausse du Stoxx 600 sur la période). Pas facile à anticiper !

Voilà pour le passé, que faut-il en déduire pour l’avenir?

Une chose nous paraît évidente : le pétrole joue un rôle déterminant dans l’évolution des indices. Non seulement à cause du poids du secteur, mais aussi à cause de toutes les répercussions que l’évolution des cours du brut peut avoir sur le plan macro et micro économique. Nous en avons déjà parlé : le marché du crédit, et donc les valeurs financières, subit les contrecoups de l’évolution des cours du brut ; Les derniers évènements ont sur ce plan plutôt tendance à nous rassurer. Malgré le fiasco de la réunion de Doha, où les pays de l’OPEP ainsi que la Russie, devaient se mettre d’accord sur un gel de la production, les prix du pétrole se maintiennent au-dessus de 40$ le baril. C’est peut-être le signe que le marché pétrolier tend vers l’équilibre et que la production américaine commence à baisser. Nous estimons aujourd’hui qu’il ne faut plus être absent du secteur pétrolier. 

Le deuxième point qui nous paraît essentiel concerne évidemment la Chine.

Les matières premières, pétrole et métaux industriels, ont profité d’une amélioration de la demande chinoise. Celle-ci se maintiendra-t-elle ? On peut le souhaiter mais il est difficile de l’affirmer. On sait que l’amélioration récente du secteur industriel chinois s’est accompagnée d’une envolée du crédit, ce qui n’est pas très encourageant pour le moyen terme. Enfin, ce qui nous rassure c’est que le problème de l’endettement chinois est à la « Une » de tous les journaux. Nous y voyons un signe favorable : si tout le monde en parle, c’est  que le problème n’est pas près d’éclater…

Nous sommes cependant plus à l’aise sur le secteur pétrolier que sur les valeurs de métaux et mines. Celles-ci sont largement anglo-saxonnes (Anglo-American, BHP Billiton, Rio Tinto…) et à quelques exceptions près (Eramet, ArcelorMittal) ne nous sont pas familières ; par ailleurs, les variations de prix du minerai de fer, du zinc, du manganèse, ont des subtilités qui parfois nous échappent. Elles échappent aussi aux sociétés minières, vu le programme d’investissement qu’elles ont lancé en haut de cycle et qui pèse aujourd’hui sur leur rentabilité.

Dans la phase de rebond, de nombreuses gestions et de nombreux fonds, parmi les plus réputés et les plus solides, ont sous-performé les indices. Il ne faut pas s’en étonner. En effet, comme nous venons de l’évoquer, ce ne sont pas précisément les plus belles valeurs qui ont tiré le marché à la hausse. L’expérience montre qu’il ne sert à rien de vouloir prendre le train en marche. Plutôt que de courir après des valeurs minières au bilan fragile et à la visibilité incertaine, mieux vaut investir dans des valeurs aux bilans plus solides, sur lesquelles nous aurons potentiellement moins de mauvaises surprises. A moyen terme, c’est ce qui fait la différence.

 

EuroStoxx 50 (01.01.16 = 100)

Source : Thomson Financial

Stoxx 600 : évolution sectorielle en % depuis le 31.12.15 et 11.02.16

Source : Thomson Financial

Cet article a été rédigé par les experts de la banque privée Oddo et cie.

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