Patrimoine : 4 techniques pour donner sans perdre le contrôle

Vous souhaitez transmettre une partie de vos biens de votre vivant ? Cette démarche permet d’anticiper votre succession, d’assurer une répartition équitable entre vos héritiers (enfants, petits-enfants) et de limiter les risques de tensions ou de contentieux futurs. Mais donner ne veut pas forcément dire s’appauvrir. Il est possible de conserver une marge de manœuvre sur le patrimoine transmis, par exemple en préservant vos revenus, en adaptant vos choix en cas d’imprévu ou en restant décisionnaire de certaines opérations. L’objectif : vous préserver des incidences définitives de la donation de votre vivant.
Exemples à l’appui, découvrez 4 solutions pour concrétiser vos souhaits de transmission tout en gardant la main de votre patrimoine.

Outil n°1 : la donation-partage

La donation-partageDonation-partageIl s’agit à la fois d’une donation et d’un partage. Elle permet, de son vivant, de transmettre et de répartir tout ou partie de ses biens. Elle se fait par acte notarié.Source vous permet de transmettre et de répartir, de votre vivant, tout ou partie de vos biens. Ceux-ci doivent vous appartenir au moment de l’acte, mais peuvent aussi incorporer des donations antérieures, avec l’accord des donataires concernés.

De façon générale, la donation permet :

Par ailleurs, par rapport à une donation simple, la donation-partage présente les avantages suivants :

En plus de garantir une répartition aussi équilibrée que possible, la donation-partage contribue à préserver la paix familiale en clarifiant les choses de votre vivant. Elle peut concerner vos enfants, vos petits-enfants, ou tout héritier ayant vocation à recueillir votre succession, selon votre situation.

Sur le plan fiscal, la donation-partage est soumise aux droits de donation dans les conditions de droit commun. Elle bénéficie du même abattement que les autres donations (par exemple 100 000 € par parent et par enfant, renouvelable tous les 15 ans).

Exemple

Un grand-père choisit de transmettre une partie de son patrimoine directement à ses petits-enfants, avec l’accord de ses deux enfants. Il donne à chacun de ses trois petits-enfants des biens d’une valeur de 100 000 €.

Grâce à la donation-partage transgénérationnelleDonation-partage transgénérationnelleCette forme de donation-partage se fait entre des descendants de degrés différents (enfants, petits-enfants…), qu’ils soient héritiers présomptifs ou non., la valeur des biens est figée, chaque petit-enfant bénéficie d’un abattement de 31 865 €, et les biens donnés sont exclus du calcul successoral futur.

Côté précautionCautionIl s’agit d’un engagement pris par un tiers pour garantir le paiement d'un crédit immobilier en cas de défaillance de l'emprunteur.s, la donation-partage nécessite l’accord de tous les héritiers réservataires. Elle est obligatoirement réalisée par acte notarié et implique de faire évaluer les biens avec précision afin d’éviter toute contestation.

La donation-partage peut être effectuée en pleine propriétéPleine propriétéC’est le droit d'utiliser un bien, d'en percevoir les revenus (loyers par exemple) et d'en disposer (vente, donation…). ou en démembrementDémembrementIl y a démembrement quand la propriété d'un bien est divisée entre, d'une part, un usufruitier, qui possède le droit d'utiliser le bien et d'en percevoir les éventuels revenus, et, d'autre part, un nu-propriétaire.Source ici. de propriété.

Outil n°2 : la donation avec réserve d’usufruit

La donation-partage peut être démembrée. Ce mécanisme vous permet de transmettre la nue-propriétéNue-propriétéLa nue-propriété d’un bien immobilier donne le droit à son titulaire, appelé nu-propriétaire, la faculté d’en disposer, en le vendant par exemple, sans toutefois lui permettre de l’habiter, d’en toucher les loyers… d’un bien tout en en conservant la jouissance. Il repose sur le démembrement de propriété qui distingue deux droits :

Cette donation est intéressante car elle offre le moyen d’anticiper la transmission de votre patrimoine tout en préservant votre niveau de vie. Par exemple, vous pouvez transmettre la nue-propriété d’un logement tout en continuant à l’habiter s’il s’agit d’une résidence secondaire, ou à en percevoir les loyers s’il est mis en location.

Les biens immobiliers ne sont pas les seuls concernés. Vous pouvez faire une donation avec réserve d’usufruit d’un portefeuille de titres, de parts sociales ou d’une œuvre d’art par exemple. Dans tous les cas, vous conservez l’usage du bien transmis.

La donation avec réserve d’usufruit présente également un intérêt fiscal puisque seuls les droits correspondant à la nue-propriété transmise sont dus au moment de la donation. La valeur de celle-ci est déterminée selon un barème légal qui dépend de l’âge de l’usufruitier au jour de la donation : plus il est jeune, plus l’usufruit est valorisé… et moins la nue-propriété est taxée.

Exemple

Un parent de 65 ans transmet à son enfant la nue-propriété d’un bien d’une valeur de 500 000 €. Selon le barème fiscal, l’usufruit est estimé à 40 %, la nue-propriété à 60 %.
Les droits de donation seront donc calculés sur 300 000 € (60 % de 500 000 €), après application de l’abattement légal de 100 000 € par parent et par enfant.

> Le barème fiscal de l’usufruit et de la nue-propriété (site du service public)

À votre décès, l’usufruit s’éteint automatiquement : vos donataires deviennent pleins propriétaires du bien, sans frais ni formalités supplémentaires.

Outil n°3 : le pacte adjoint au don manuel

Si vous envisagez de donner une somme d’argent à un enfant ou un petit-enfant mineur, vous pouvez y associer un pacte adjoint. L’objectif : préciser certaines modalités du don et encadrer l’usage des fonds transmis.

Le pacte adjoint peut associer des clauses telles que :

Sur le plan fiscal, le don manuel assorti d’un pacte adjoint est soumis aux droits de donation dans les conditions de droit commun, après application des abattements en vigueur.

Exemple


Une grand-mère donne 30 000 € à sa petite-fille de 15 ans pour l’aider à financer ses études. Le pacte adjoint prévoit que la somme sera bloquée jusqu’à ses 18 ans et ne pourra être utilisée que pour les frais de scolarité. Grâce à l’abattement de 31 865 € entre grand-parent et petit-enfant, aucun droit de donation n’est dû, et la donatrice reste sereine sur l’usage des fonds.

En pratique, le pacte adjoint doit être rédigé après la remise matérielle du don, devant notaire ou sous signature privée. Dans tous les cas, il doit être signé par le donateur et le donataire (ou ses deux représentants légaux s’il est mineur).

Rapprochez-vous de vos conseils habituels pour sécuriser la rédactionActionC’est une part de société dans laquelle une personne investit. Acheter une action, c’est donc mettre un capital à la disposition de l’entreprise, qui, à la fin de l’exercice financier, peut reverser une part de ses bénéfices (appelée « dividende ») à ses actionnaires. de ce document.

Outil n°4 : l’assurance-vie avec clause bénéficiaire démembrée

L’assurance-vie permet de transmettre un capital hors succession à vos bénéficiaires désignés. En y insérant une clause bénéficiaireClause bénéficiaireLa clause bénéficiaire d’un contrat d’assurance vie permet de désigner la ou les personnes qui recevront les capitaux décès. Pour éviter toute confusion au moment de la transmission, elle doit être soigneusement rédigée. démembrée, vous pouvez organiser une transmission progressive entre un usufruitier (souvent le conjoint survivant) et des nus-propriétaires (souvent les enfants).

Juridiquement, cette organisation repose sur un quasi-usufruit : l’usufruitier peut utiliser librement les sommes, mais devra les restituer au nu-propriétaire au terme du démembrement. Le nu-propriétaire dispose alors d’une créance de restitution, à faire valoir sur le patrimoine de l’usufruitier (durée déterminée) ou sur l’actif de sa succession (viager).

Côté fiscalité, deux cas de figures peuvent se présenter.

Exemple

Paul a versé des capitaux sur son assurance vie avant ses 70 ans. Il désigne son épouse comme usufruitière en viager de son contrat d’assurance vie, et ses deux enfants comme nus-propriétaires. À son décès, son épouse peut utiliser librement le capital. Ses enfants disposeront d’une créance de restitution qu’ils pourront faire valoir au décès de leur mère.

L’épouse ayant 73 ans au moment du décès de Paul, l’usufruit est évalué fiscalement à 30 % et la nue-propriété à 70 %. L’abattement de 152 500 € est donc réparti dans ces mêmes proportions, soit 106 750 € par enfant nu-propriétaire, puis taxation au prélèvement de 20 % jusqu’à 700 000 € et 31,25% pour la fraction excédentaire. Le conjoint survivant ou partenaire de pacs est exonéré de fiscalité.

La clause bénéficiaire démembrée nécessite une rédaction rigoureuse visant notamment à bien définir les droits de l’usufruitier et à formaliser la créance de restitution pour sécuriser les droits des nus-propriétaires.

Parlez-en à vos conseils habituels.

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