Inflation, taux d’intérêt : approche-t-on du pic ?

En décembre 2022, l’inflation en zone euro atteignait 9,2 %, un taux en recul par rapport aux mois précédents mais toujours historique. Aux États-Unis, elle s’établissait à 6,2 %, là encore après des niveaux inédits. Le pire est-il maintenant derrière nous ? Comment réagiront les banques centrales en 2023 ? Éléments de réponse.

Hausse des prix : la désinflation est en marche

L’inflation aura été la principale préoccupation des ménages en 2022 et elle continue aujourd’hui de peser sur leur budget. De l’avis des experts toutefois, la désinflation, c’est-à-dire la baisse de l’inflation, serait bien engagée à l’échelle mondiale « pour les prix des biens, mais pas encore pour les services », précise Bruno Cavalier, chef économiste de ODDO BHF, dans son dernier éditorial.

Selon une étude du cabinet EY, le prix des biens manufacturés (véhicules, ordinateurs, vêtements…) aurait diminué de 1,1 % en décembre 2022, essentiellement grâce à la baisse des prix de l’énergie. Tirée par une pression haussière sur les salaires, l’inflation dans les services (logement, transport, restauration, hôtellerie…) continue, elle, de progresser mais moins vite qu’il y a quelques mois.

Dans ce contexte, les perspectives d’inflation sont bien orientées affirme Bruno Cavalier, qui prévoit une inflation inférieure à 3 % d’ici fin 2023 aux États-Unis comme en zone euro. « Ce n’est pas encore le retour sur les cibles [2 %] mais presque », ajoute-t-il.

Hausse des taux : le plus gros du chemin est parcouru

Nous l’avons vu, des forces désinflationnistes sont à l’œuvre. Les banques centrales vont-elles pour autant assouplir leur politique monétaire et mettre fin au cycle de hausse des taux d’intérêt ?

Rappelons tout d’abord que la hausse des taux directeurs est l’une des principales armes des banques centrales pour contrôler l’inflation, parce qu’elle décourage l’emprunt (plus cher) et encourage l’épargne, ce qui tend à ralentir l’économie, la demande et à réduire la pression sur les prix.

Aux États-Unis, le cycle de hausse des taux par la Fed (la banque centrale américaine) a démarré en mars 2022 : son taux directeur se situe désormais entre 4,25 % et 4,50 %, un niveau inédit depuis la crise financière de 2008. En zone euro, ce cycle a été amorcé par la BCE (banque centrale européenne) en juillet 2022, portant le taux principal de l’institution à 2,50 % actuellement.

Le durcissement monétaire de la Fed a permis un contrôle de l’inflation plus rapide outre-Atlantique, où la désinflation est désormais actée, qu’en zone euro où le repli est plus tardif.  Mais les deux institutions laissent entrevoir une poursuite de la hausse des taux, quoiqu’à un rythme plus lent, et ce, afin de se rapprocher de l’objectif d’une inflation à 2 %. Autrement dit, pas de « gros » bonds de 0,75 % à l’instar des précédentes annonces, mais une hausse plus forte et durable en zone euro qu’aux États-Unis.

Inflation : taux global v/s taux sous-jacent

L’inflation globale prend en compte l’ensemble des prix des produits au sein d’un panier type, dont ceux de la nourriture et de l’énergie qui ont tendance à être beaucoup plus volatils et sujets à des pics d’inflation.

L’inflation sous-jacente, elle, est calculée à partir d’un indice des prix dont on soustrait les composants volatils (nourriture, énergie) et à ce titre, représenterait mieux la vraie tendance de l’inflation. Voilà pourquoi Laurent Denize, Global Co-CIO chez ODDO BHF, affirme : « L’évolution de l’inflation sous-jacente (hors prix de l’énergie et des denrées alimentaires) sera déterminante pour la suite des événements. Ce n’est que lorsque cette inflation-là diminuera également que les banques centrales pourront mettre fin à leur politique monétaire restrictive ».

> Lire l’analyse de Laurent Denize

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