Caroline Mignaval
Nouvelle fenêtreProfil LinkedIn de Caroline MignavalIngénieure patrimonial
En savoir plusDécouvrir ses articlesActif tangible à la croisée de l’esthétique et du patrimoine, l’art séduit un nombre croissant d’investisseurs passionnés. Si l’élan initial relève souvent du coup de cœur, la constitution d’une collection soulève rapidement des questions plus larges : cohérence de l’ensemble, coûts, préservation, transmission. Levier de diversification à part entière, une collection d’art se bâtit dans la durée, à la fois guidée par l’affect et structurée par une stratégie. Décryptage.
À l’origine de toute démarche de constitution d’une collection d’art : une irrésistible envie de faire vivre de belles œuvres chez soi. Tableaux, affiches, dessins, sculptures, photographies… quelle que soit la nature des objets convoités, ils doivent d’abord incarner vos goûts et votre sensibilité artistique, tout en maintenant une certaine cohérence. C’est l’essence même d’une collection : un ensemble de pièces reliées entre elles par un fil directeur, garant d’une unité intellectuelle et esthétique.
Selon vos désirs, vous construirez votre collection autour d’une période définie, d’un courant artistique, d’un artiste ou d’un sujet précis (portraits, natures mortes…). Votre collection pourra réunir un même type d’œuvres ou des pièces hétéroclites. Même dans sa diversité, elle portera les marques de votre style qui lui donnera tout son sens.
Pour dénicher vos futurs coups de cœur, rendez-vous dans les expositions, foires artistiques, maisons de vente, enchères et sur les galeries en ligne, désormais incontournables.
Au-delà de l’émotion et de l’élan esthétique, constituer une collection d’art implique un investissement financier important. Avant même la première acquisition, il est recommandé de définir un budget global incluant non seulement le prix des œuvres mais aussi les frais annexes : transport, encadrement, restauration éventuelle, voire stockage adapté en cas de manque d’espace ou d’exigences de conservation spécifiques (température, lumière, humidité…).
L’assurance mérite une attention particulière. Les dommages accidentels représentent 75 % des sinistres sur les objets d’art1, loin devant les vols. Les assureurs spécialisés proposent des contrats sur mesure incluant un état des lieux de la collection et une estimation des œuvres, révisée périodiquement. Informez-vous sur les différences entre les garanties en « valeur déclarée », déterminée par le souscripteur, et en « valeur agréée », fixée d’un commun accord avec l’assureur à partir de documents justificatifs. Cette dernière offre généralement une meilleure couverture en cas de sinistre.
Connaître la cote d’un artiste La cote d’un artiste représente la valeur de ses œuvres sur le marché de l’art et peut grandement influencer les décisions et stratégies d’achat. Pour connaître la cote d’un artiste, vous pouvez analyser les ventes aux enchères, explorer les foires, galeries et marchands d’art, ou encore consulter les bases de données en ligne qui répertorient les artistes et les prix (artnet.fr ou fr.artprice.com par exemple). |
Enfin, il est essentiel de tenir à jour la documentation liée à chaque œuvre : factures, certificats d’authenticité, correspondances avec les artistes ou les galeries. Ce « dossier d’œuvre » participe à la valorisation globale de la collection et facilite son suivi patrimonial et comptable.
La conservation des œuvres dans des conditions adaptées est essentielle, tant pour assurer leur intégrité physique que pour préserver leur valeur patrimoniale. Chaque pièce requiert un cadre particulier : les photographies sont sensibles à la lumière, les sculptures aux variations de température, les œuvres sur papier à l’humidité. L’utilisation de matériaux neutres pour l’encadrement, la régulation de l’hygrométrie ou encore l’installation d’un éclairage filtré font partie des bonnes pratiques à adopter.
Pour les collections plus importantes, un inventaire structuré, régulièrement mis à jour, constitue une base indispensable. Il permet non seulement de suivre la composition de la collection mais aussi d’avoir une vue d’ensemble en cas d’assurance, d’expertise ou de prêt d’œuvres à une exposition. Il est conseillé d’y intégrer des visuels, des documents d’achat, des évaluations et toute note d’expert.
Enfin, faire ponctuellement appel à un professionnel pour une expertise ou une estimation permet de connaître la valeur actualisée de certaines pièces et de documenter la collection dans une perspective patrimoniale.
À mesure qu’une collection prend de la valeur, sa place dans le patrimoine familial devient stratégique. Sa transmission nécessite une planification d’autant plus rigoureuse que la valeur artistique ou historique des pièces est importante.
En premier lieu, il est essentiel de préparer vos héritiers à recevoir un tel patrimoine : les sensibiliser à l’histoire de la collection, à la singularité des pièces, à leur valeur financière permet d’assurer une continuité dans la gestion et la préservation de l’ensemble.
Sur le plan juridique, vous pouvez anticiper la transmission de votre collection ou œuvre d’art via les mécanismes habituels de la donation, tout en bénéficiant des abattements de droit commun (par exemple : 100 000 € entre parent et enfant, renouvelable tous les 15 ans).
Quelles que soient les modalités de la transmission, la question de la valorisation du patrimoine artistique devra être soulevée pour déterminer l’assiette taxable aux droits de donation ou succession. Par exemple, en matière de succession, cette valeur peut être déterminée par référence au prix des ventes aux enchères ou peut-être établie par un commissaire-priseur ou expert. À défaut, elle sera déterminée par les déclarants eux-mêmes. À noter : si un contrat d’assurance mentionne une valeur assurée, celle-ci peut être retenue pour la déclaration, à condition qu’il ait été souscrit moins de dix ans avant la transmission.
Ce mécanisme, en vigueur depuis la loi Malraux de 1968, permet de régler les droits de succession (sur la transmission d’œuvres d’art ou d’autres biens) en nature, par le don d’œuvres d’art à l’État.
Pour être recevable, la dation doit concerner des œuvres dotées d’une « haute valeur artistique ». Concrètement, l’offre doit être déposée par le contribuable auprès du Centre des impôts, accompagnée d’une description des œuvres et de leur estimation. L’acceptation de la dation relève ensuite de l’avis d’une commission nationale, qui évalue l’intérêt patrimonial des pièces en question.
Au-delà de l’avantage fiscal pour les héritiers, ce mécanisme permet à l’État d’enrichir le patrimoine national, en évitant notamment que certaines œuvres importantes ne quittent le territoire.
À noter : il est possible, dans certains cas, d’effectuer une dation tout en conservant la jouissance viagère des biens donnés.
Constituer, gérer et transmettre une collection d’art soulève des questions complexes, à la croisée de l’esthétique, du juridique et du financier.
Pour avancer sereinement, entourez-vous d’experts : un art advisor pourra vous accompagner dans la construction d’une collection cohérente tout en vous guidant dans vos choix. Un notaire ou un avocat fiscaliste vous aidera à structurer la détention des œuvres en fonction de votre situation. Un assureur spécialisé veillera à la bonne protection de votre patrimoine artistique. Enfin, votre banquier privé, en lien avec un ingénieur patrimonial, pourra intégrer votre collection d’art dans une vision globale de votre patrimoine intégrant vos autres actifs et vos objectifs de long terme.
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1 Vidéo B Smart Assurer sa collection n’est pas encore un réflexe, le 6 juin 2024