L’argent des Français dort !

Le 24 janvier, Pascale Seivy, Team Manager chez ODDO BHF Banque Privée, était parmi les invités de l’émission « C’est votre argent » chez BFM Business.

Pascale Seivy a apporté des éléments de réponse à cinq problématiques fondamentales placées au coeur de l’attention de cette édition :

Les économistes face au risque climatique

« Le monde financier est assez en avance sur ces sujets. Nous avons, par exemple, un module de sélection de titres qui tient compte des critères ESG.
Les financiers sont en train de faire des prévisions sur les sociétés qui sont socialement responsables et qui respectent l’environnement. A contrario, on a la certitude que les entreprises très pollueuses vont être de plus en plus délaissées et ça se ressentira aussi sur leur cours.

Aujourd’hui il y a une vraie prise de conscience de l’impact que l’environnement peut avoir sur le système financier qui fait l’effet domino et cela se réflète déjà dans les chiffres :

il y a plus de 20 milliards d’euros qui ont été investis dans les fonds socialement responsables et qui respectent l’environnement l’année dernière – c’est quatre fois plus que l’année précédente.

A Davos, Donald Trump a vanté le modèle américain

« Le fait d’armes de Trump c’est d’avoir fait cette réforme fiscale puisqu’il est arrivé dans un environnement qu’était assez favorable et la réforme fiscale a permis probablement de prolonger le cycle.

Maintenant il y a beaucoup de débats autour de cette réforme parce que ces baisses d’impôts ne se sont pas tellement matérialisés dans les investissements.

Les entreprises ont reconstitué leur balance de cash, elles ont fait beaucoup de rachat d’actions aussi, mais il y avait quand même beaucoup d’incertitude. Ça a crée un effet de richesse, mais ça a aussi creusé des déficits et pour le moment ça ne s’est pas matérialisé de manière nette dans la part des entreprises. »

Les marchés sont quand même encore en forte hausse depuis quelques années, ils sont à leur niveau record, il y a eu vraiment un énorme mouvement qu’a continué depuis 3 ans mais quand on regarde la qualité de certaines entreprises, ça peut faire peur – prenez par exemple LVMH qu’est le plus grand Européen aujourd’hui. On arrive à peine au dixième Américain – un constat éloquent qui prouve, à mon avis, au niveau des entreprises le renforcement de la suprématie américaine. »

L’argent des Français dort

L’argent des Français ne dort pas seulement dans les placements qui n’apportent rien, mais c’est pire que ça – ça fait perdre de l’argent parce que si vous enlevez l’inflation, il s’agit des placements qui sont complètement stériles aujourd’hui.

Nous, on a bon espoir qu’il se passera quelque chose, qu’il y aura une prise de conscience.  D’abord on pense que les Français vont consommer en 2020. Il y a toujours un décalage par rapport à la constitution de l’épargne, mais on a un marché du travail qui est assez stable, a priori aucune hausse d’impôts n’est prévue donc les Français devraient être confortés dans leur envie de consommer et puis ils ne peuvent pas ne pas être confortés dans leur envie d’investir, sans forcément aller prendre uniquement du très haut risque.

L’argent qui se trouve sur les comptes courants et dans des livrets comporte un risque de contrepartie avec les établissements bancaires parce qu’on est créancier de la banque. Quand on investit, on annule déjà ce risque de contrepartie. Il faut donc qu’il y ait une prise de conscience là-dessus pour commencer. Puis il faut se rendre compte également qu’un placement au livret A et même dans une certaine mesure en fonds euro dans les contrats de vie qui sont extrêmement plébiscités et qui sont en train de réduire au fur et à mesure des années, ce sont des placements stériles qui font perdre de l’argent. Par conséquent, sans pour autant tout aller investir sur le CAC40, l’allocation d’actifs consiste à diversifier son risque pour arriver à des profils qui peuvent être réactifs ou équilibrés ou plus offensifs pour certains et qui permettent de gagner de l’argent sur le long terme. »

Doit-on continuer à acheter la bourse ?

« On estime que ce qui a pêché l’année dernière, c’est-à-dire toute la partie industrie, la manufacture, c’est derrière nous maintenant, on estime qu’on a atteint le point bas. On aborde 2020 de manière beaucoup plus sereine – par exemple en ce qui concerne la croissance on a quand même quatre trimestres qui montrent une certaine stabilité sur une croissance modèle autour des 3%, les banques centrales effectivement statut quo.

Nous trouvons la croissance des bénéfices un peu élevée puisque les prévisions sont autour des 9% et il est donc fort probable qu’on voit petit à petit des réajustements à la baisse des ces prévisions-là. Ça va être clé pour les marchés.

En conclusion, il faut bien faire ses choix, il faut être bien sélectif dans sa sélection d’actions. Il faut choisir des entreprises de qualité, de bonne visibilité sur le long terme qui ne polluent pas. »

Les dossiers qui ont marqué cette semaine

« Ce qui m’a marqué, c’est un article du Figaro qui parle du nombre de sociétés cotées en bourse qui ne cesse de diminuer.

Le nombre de sociétés cotés en bourse a été divisé par deux aux Etats Unis en 20 ans, et même en Europe la tendance est la même puisque il y a 25% de sociétés en moins depuis 2000.

Maintenant, il faut comprendre les raisons derrière ce phénomène : d’un côté c’est à cause des opérations de mégafusion qui sont de plus en plus importantes, d’un autre côté ce sont quand même aussi les dirigeants qui en ont un petit peu marre du dictat des marchés financiers et de la communication permanente qu’il faut faire mais ce qui est la raison la plus imprtante ce sont les autres sources de financement : comme les taux sont encore très bas aujourd’hui, c’est quand même assez attractif de s’endetter et c’est donc surtout le non-côté (Private Equity) qui prend une ampleur de plus en plus importante aujourd’hui. Pour vous donner des chiffres : on a eu 3 milliards d’euro qui ont été levés l’année dernière en introduction en bourse en France, contre 14 milliards pour le Private Equity. Aujourd’hui on a un écart de valorisation qu’est assez important entre le non-coté justement et le mid cap européen coté mais le fait qu’il y a des sorties de cotes c’est plutôt positif pour le Private Equity justement. »

Pour découvrir l’interview de Pascale en intégralité, accédez au replay ici :

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