Pays émergents : vers un changement de paradigme ?

Comment la perception des économies émergentes a-t-elle évolué ?

Pendant longtemps les investisseurs ont été sceptiques sur ces économies, mettant en avant la corruption, le manque de fiabilité des comptes, la faiblesse du management, le risque politique… Sur les 10 dernières années, le MSCI Emergents recule de 8% quand le S&P 500 s’est apprécié de 61%.

Aujourd’hui, nous avons le sentiment qu’il y a une inflexion dans la perception du risque par les investisseurs.

Mise en place des réformes structurelles : suite à la crise financière et à la baisse du prix des matières premières, les politiques ont dû repenser leur modèle. Les réformes économiques et structurelles mises en œuvre vont dans le bons sens avec une transition progressive d’une économie manufacturière vers une économie de services. Par ailleurs, les entreprises ont également amélioré leur structure de coûts.

Changement de la pondération sectorielle : conséquence de la transition économique, les émergents ne sont plus aussi exposés aux secteurs de l’énergie et des matières premières qu’ils ne l’étaient auparavant (14% du MSCI Emergents contre 30% en 2007). En contrepartie,  le poids du secteur informatique et de la consommation s’est accru (44% contre 24% en 2007) ce qui explique, toute chose égale par ailleurs, la réduction de la volatilité sur cette classe d’actifs.

Evolution démographique : comme nous l’avons mentionné dans le focus en date du 22 mars, la croissance de la population notamment des classes moyennes sera un atout indéniable dans la création de richesse des pays émergents.

Stabilisation macro-économique : les fondamentaux se sont améliorés et les émergents ont dans l’ensemble rétabli l’équilibre de leurs comptes courants. Les devises ont bien résisté et affichent globalement une volatilité moindre. Dans l’ensemble, les pays émergents ont vu leur « stock » de devises étrangères se renflouer, permettant, le cas échéant, d’intervenir sur le marché des changes pour réguler leur monnaie locale.

Pourquoi sommes-nous confiants ?

Retour des flux : on constate un regain d’appétit des investisseurs pour cette classe d’actif. Depuis le début d’année, près de 38 milliards de dollars ont été investis sur les actions émergentes. Le mouvement devrait continuer, ce montant représentant seulement le quart de la décollecte constatée entre le début de l’année 2013 (pic atteint) et le milieu de l’année 2016 soit 155 milliards de dollars.

Momentum favorable : sans parler d’alignement des planètes, force est de constater que la situation économique mondiale s’est améliorée avec une visibilité plutôt bonne. Dans ce contexte favorable, les investisseurs sont enclins à prendre plus de risques et se tournent vers les actifs émergents pour chercher du rendement.

Risque dollar atténué (à la fois au niveau de la FED et de la politique) : Le resserrement de la politique monétaire américaine n’est plus un écueil pour les investisseurs ce qui explique la bonne tenue à la fois des indices et des devises émergentes (elles ont repris en moyenne 6% face au dollar depuis le début de l’année). Notons également que post déclarations de Mme Yellen (présidente de la FED), la probabilité d’une nouvelle hausse des taux en décembre aux Etats-Unis est retombée à 48%. Les craintes (légitimes au niveau boursier) autour du programme économique de M. Trump se dissipent. L’échec de l’abrogation de l’Obamacare prouve que sa politique isolationniste sera difficile à mettre en œuvre.

Valorisation attractive : Les prévisions des Bénéfices Par Action (BPA) ne sont pas élevées ce qui laisse présager une révision à la hausse des estimations de la part du consensus. L’indice MSCI Emergents se traite 12x les bénéfices 2018 contre 17x pour le S&P 500 pour une croissance relativement similaire (un peu plus de 11% des BPA). Le rendement s’établit à 2,8% (rapport entre le dividende et le cours de bourse).

Volatilité faible : les éléments évoqués ci-dessus ont contribué à réduire fortement la volatilité des émergents ce qui accentue l’attractivité du couple rendement / risque par rapport aux économies développées. La hausse récente de l’euro représente selon nous une opportunité pour renforcer ses positions à moindre coût.

Article rédigé par les experts de la banque privée ODDO BHF, pour plus d’infos, cliquez ici.

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