Et voilà, Donald TRUMP est le 45ème président des États-Unis.
Parmi les multiples explications que l’on peut trouver à la victoire de Trump, il y a certainement la fatigue de la mondialisation, d’un environnement économique marqué par la stagnation, et les conséquences toujours mal digérées de la crise financière de 2008. De la même façon que la victoire de Thatcher et Reagan annonçait la rupture des années 80, la victoire du Brexit et de Donald Trump marque l’entrée dans ce « nouveau monde » que nous décrivions dans notre chronique du 22 juillet dernier.
Les contours de ce « nouveau monde » sont encore bien flous.
Donald Trump ne s’est pas embarrassé de détailler sa politique future. Il n’a même pas d’équipe autour de lui ! Nous assisterons au retour d’un certain protectionnisme, c’est évident. Les traités commerciaux transpacifique et transatlantique finiront dans la poubelle de l’histoire ; le traité de libre-échange nord-américain, le NAFTA, est en danger. Trump mettra-t-il en œuvre sa menace d’établir des droits de douane de 45% sur les produits chinois ? On peut espérer que ce genre de propos ne restera qu’une promesse de campagne.
Sous la houlette de Donald TRUMP, les États-Unis s’orientent vers une politique sans doute plus reflationniste.
Le Président élu s’est engagé à baisser les taux d’imposition, à augmenter les dépenses d’infrastructures, le tout en maintenant les programmes sociaux (à l’exception de l’Obamacare), sans creuser les déficits. Cela fait un peu beaucoup, même pour un surhomme comme Donald Trump. Il y a fort à parier que la contrainte sur le déficit sera relâchée, n’en déplaise aux Républicains orthodoxes.
L’incertitude est grande dans le champ de la politique monétaire.
Donald Trump s’en est pris à plusieurs reprises à la Présidente de la Fed, Janet Yellen, en estimant que le maintien de taux bas était catastrophique pour l’économie américaine. Il n’est pas impossible que Trump profite de la vague qui l’a porté à la Maison-Blanche pour mettre la Fed sinon sous tutelle, du moins sous surveillance.
En attendant, il y a eu un changement radical dans les anticipations sur les prochaines décisions de la Fed. La probabilité d’une hausse des taux de la Fed lors de la réunion du 14 décembre est passée de 80% à 40%. D’une manière générale, l’élection de Donald Trump s’est accompagnée d’une crispation des marchés. Crispation, mais pas de panique. L’expérience du Brexit est passée par là. Les investisseurs ont appris à ne pas paniquer. Si le Nikkei a abandonné 5%, le CAC ne perd que 1%, à l’heure où nous écrivons ces lignes. L’once d’or s’adjuge pour sa part 2,5% tandis que le dollar perd 0,6% face à l’euro. Rien à voir avec ce que l’on avait vécu au lendemain du Brexit.
Laissons le mot de la fin à la journaliste du Financial Times, Gilian Tett, citant un conseiller du Président élu : « Ce qu’il y a de mieux chez Trump, c’est que ce n’est pas un professionnel de la politique. C’est aussi ce qu’il y a de pire chez lui. ».
Hugues de Montvalon
Responsable de la Recherche
Rédigé le 09 novembre 2016