Livret A, fonds en euros : mon épargne de précaution est-elle vraiment à l’abri de l’inflation ?

À 10,7 % en zone euro*, l’inflation ampute le pouvoir d’achat, et il peut être tentant de mettre de l’argent de côté en attendant des jours meilleurs. Mais épargner sur des supports traditionnels du type livret A ou fonds en euros préserve-t-il vraiment mon pouvoir d’achat ? Je vous dis pourquoi tel n’est pas le cas.

Rendement de l’épargne v/s taux réel

Rappelons tout d’abord ce qu’est l’inflation. Dans une économie de marché, les prix des biens et des services varient. Certains augmentent, d’autres diminuent. On parle d’inflation lorsque les prix augmentent globalement, et non uniquement les prix de quelques biens et services. Lorsque cette situation se présente, avec le temps, chaque euro permet d’acheter moins de produits. Autrement dit, l’inflation érode progressivement la valeur de la monnaie**. En clair : la hausse généralisée des prix conduit à la baisse du pouvoir d’achat.

Le corollaire d’une très forte inflation comme celle que nous connaissons aujourd’hui est l’érosion monétaire, c’est-à-dire le fait que la prise de valeur de l’épargne ne compense pas la hausse des prix. Par exemple, un placement rémunéré à 1 % face à une inflation à 7 % entraîne une perte de pouvoir d’achat de l’épargne de -6 %.

Ici, il est important de distinguer deux types de taux : le taux de rendement et le taux réel.
• Le taux de rendement, c’est la rémunération affichée d’un placement, par exemple 2 % pour le livret A depuis le 1er août 2022.
• Le taux réel, c’est le taux de rendement net d’inflation, la rémunération que j’empoche réellement. Par exemple, pour le livret A :
2 % (taux de rendement) – 10,7 % (inflation) = -8,7 % (taux réel). Ce taux est donc négatif !

Même son de cloche du côté du fonds en euros, dont la rémunération s’établit à 1,3 % environ (donnée 2021). La hausse des taux d’intérêt depuis début 2022 n’a pas suffi, pour l’instant, à rectifier cette situation. Conclusion : placer un surcroît d’épargne sur des supports ne compensant plus l’inflation se traduit aujourd’hui par une perte de pouvoir d’achat.

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Perte de pouvoir d’achat : un exemple

Pierre, 50 ans, a plafonné son livret A à 22 950 €, rémunérés à 2 %. Il détient aussi une assurance vie multisupport dont 20 000 € sont investis sur un fonds en euros rémunéré à 1,1 %.

Avec une inflation à 10,7 %, les taux réels servis par ces supports sont respectivement de
-8,7 % et -9,6 %. Soit une perte cumulée de pouvoir d’achat sur un an de :
• 1 997 € pour le livret A,
• 1 920 € pour le fonds en euros.

Quelle stratégie adopter ?

Je peux tout d’abord diminuer l’épargne de précaution au profit d’autres placements, selon mes objectifs et mon horizon de placement. Ce qui ne signifie pas réduire à zéro l’épargne prudente (je dois conserver une poche de liquidité disponible pour parer aux imprévus), mais la calibrer soigneusement et placer l’excédent sur des supports dotés d’un meilleur potentiel de rémunération en contrepartie d’un risque de perte en capital. Contrairement au livret A et au fonds en euros, le capital n’est pas garanti sur les autres produits de placement.

Une période de forte inflation, ce peut aussi être le bon moment pour souscrire ou alimenter des placements dédiés à la réalisation d’objectifs de long terme comme la retraite ou la transmission de patrimoine.

Je me rapproche de mon banquier privé pour en savoir plus.

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*   Source : Eurostat
** Source : BCE

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