2019 : une année boursière qui promet d’être agitée

Bonne nouvelle ! Pas de récession à court terme… Nos économistes jugent la croissance outre-Atlantique robuste (2,4% estimé pour 2019) et soutenue par une consommation domestique dynamique. En zone euro, ils tablent sur un rebond de la production industrielle allemande et un effet de base favorable en France dans un contexte de bonne tenue de la consommation domestique.

Oui… mais, pour autant, il est peu probable que l’appétit pour le risque soit élevé en début d’année. La validation de ce scénario par les investisseurs nécessite une inversion du « newsflow » macroéconomique récent peu porteur, dans un contexte où le risque politique reste bien présent (Italie, gilets jaunes en France) et où plusieurs inconnues (impact du prélèvement à la source en France, impact de la guerre commerciale sur le secteur automobile allemand) peuvent significativement faire dévier le scénario à la baisse.

Sur le plan de la croissance des résultats, le bon et le moins bon coexistent. Commençons par le moins bon : le consensus est trop optimiste et n’intègre pas les signes de pression sur les marges. Nous anticipons une croissance de 6,1% des Bénéfices Par Action (BPA) pour le Stoxx 600 (vs 9,0% pour le consensus) et 6,9% aux Etats-Unis (vs 8,8%). Est-ce grave ? Pas vraiment, la baisse du marché intègre probablement les futures révisions en baisse. Dans ce contexte, sans mauvaise surprise macroéconomique et selon notre stratégie actions, nous estimons le potentiel de progression des indices à 8% en moyenne en Europe (Stoxx 600 à 370 points) et 5% pour le S&P 500 (2 832 points), en 2019. Attention ! L’intégration d’un scénario de stress politique (progression des taux et maintien de la prime de risque) se traduirait par une baisse de 2% à 5% du marché (Stoxx 600 : 326 points), toujours selon notre stratégie actions. Nous n’excluons pas que ces niveaux soient testés en début d’année, d’où l’importance du timing d’investissement.

L’évolution des taux longs sera un élément central de la stratégie 2019 : Va-t-on assister à la dégradation des thématiques « actuarielles » via un « repricing » lié à la hausse des taux et donc à une rotation vers les titres « value » (valeurs de rendement dont la valeur est momentanément décotée)? Ou bien au retour d’une conjoncture médiocre, associé à une réallocation des fonds depuis les Etats-Unis vers les pays émergents qui amènerait à une nième phase de domination des valeurs de croissance ? Nous penchons, en début d’année où les taux resteront bas, pour cette deuxième option.

La fin de la domination du « consensus libéral » européen, peut, dans un second temps (post élections européennes) changer radicalement la donne et mettre un terme à la période de taux très bas. Très schématiquement, ce consensus se caractérisait par une limitation de la croissance de l’Etat Providence et une modération salariale. Mais cette politique n’a pas été capable de réduire le sentiment d’abandon de pans entiers de population réels perdants de la mondialisation. La vague populiste est l’expression de la révolte de cette partie de l’électorat. Par construction, la promesse de « mieux être » économique de ces mouvements repose sur une politique budgétaire expansionniste dont la soutenabilité, alors que les niveaux d’endettement sont élevés et que la BCE normalise sa politique, réintroduit une forte dose d’incertitude, notamment sur la trajectoire des taux souverains. Cette dernière affecte non seulement le pays concerné, mais aussi ses partenaires, par les externalités négatives qu’elle génère.

Quelles sont nos perspectives dans ce contexte ?

1/ Priorité à la visibilité au premier semestre 2019. Nous favorisons les secteurs et les groupes dont l’exploitation génère un cash-flow libre suffisamment important pour a/ faire face à une hausse des frais financiers générée par une hausse des taux plus violente qu’attendu et b/ garantir le versement de dividendes même si la croissance fait défaut. Ceci passe par une capacité de résistance des marges et donc par un certain pouvoir de fixation de prix (pricing power).

2/ En Europe, nous privilégions les thématiques de consommation, aidées par l’arrêt de la progression des cours du pétrole et le boost de court terme généré par les mesures de pouvoir d’achat (cf. gilets jaunes).

3/ Sur le plan sectoriel nous surpondérons Assurance, Télécommunications, Tourisme / Loisirs, Utilities, Biens de consommation (luxe), minières, équipementiers télécom.

4/ Enfin nous faisons un pari émergent. Le ralentissement de l’économie américaine facilitera, par réallocation des flux, leur financement. Un cercle vertueux capitaux – hausse des devises émergentes – baisse de l’inflation importée – baisse des taux émergents – hausse de la consommation et de l’investissement peut s’enclencher.

Note : Nous définissons les titres value et croissance relativement au niveau médian de Price-Earnings (PE) du marché. Les titres situés sous la médiane sont considérés value et ceux situés au-dessus assimilés à la croissance.

 

 

 

*Les avis et opinions que ODDO BHF Banque Privée est susceptible d’émettre notamment sur les marchés et/ou les instruments financiers ne peuvent engager sa responsabilité. Ces informations sont données à titre purement indicatif et ne sauraient, en aucun cas, constituer une incitation à investir ou à conclure tel ou tel type de transaction.


Sylvain Goyon, CFA

Responsable de la stratégie 
ODDO BHF Securities


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